On le sait, le cinéma, dans son sens le plus général et le plus ancien, apparaît à la fin du XIXème siècle, connaissant plusieurs évolutions. Et si les premiers films parlés sont apparus juste avant les années 30, qu’en est-il du doublage ?
Aux origines
Tout le monde ne le soupçonne pas forcément, mais le fait d’adapter l’audio d’un film à un autre pays, dans une autre langue, est en réalité tout aussi vieux que le cinéma parlant lui-même. Pour exporter leurs films, les producteurs ont rapidement pensé au fait de remplacer la langue originale par celle cible. En 1927, The jazz singer de Alan Crosland voit le jour. Et s’il est presque unanimement considéré comme le premier film de cinéma parlant, la question du premier film doublé n’est pas si évidente. Certains vont considérer que celui-ci détient également ce titre tandis que d’autres jugent qu’il s’agit de Hallelujah de King Vidor en 1929, ou bien d’autres vont l’attribuer à Der blaue Engel de Josef von Sternberg en 1930. Et si une telle discorde existe c’est parce qu’il n’y a pas vraiment de critères, que ce soit en termes de temps, de paroles ou de techniques utilisées pour déterminer cela.
Justement, au fil du temps, le doublage a connu plusieurs évolutions et améliorations technologiques permettant d'améliorer la qualité des versions doublées. Pour les premières réalisations, ce sont plusieurs acteurs différents qui se relaient à chaque nouvelle scène. Cette méthode s’avérant rapidement trop onéreuse, Alfred Hitchcock imaginera un procédé pour le moins périlleux. Pour son film Chantage (1929), il engagera simultanément une actrice pour la caméra, et une autre pour les dialogues, placée dans une cabine son hors champ. L’invention de la bande rythmo(graphique) à cette même période, et encore utilisée aujourd’hui, a été un immense atout pour la discipline.
Dans les années 50, apparaît l’enregistreur multipistes. Un appareil permettant l'enregistrement de plusieurs acteurs de doublage en même temps. Les technologies ne cessant d’évoluer, c’est dans les années 80 que le doublage va se professionnaliser grâce notamment à l’essor des séries américaines.
Tout le monde n'est pas fan
D’un point de vue géographique, l’Europe de l’Ouest et centrale sont très coutumières du fait. À contrario, au nord et à l’est, seulement les programmes pour enfants vont être doublés, quelques autres vont faire l’objet de voice-over, tandis que le reste sera sous-titré. Et s’ils sont justement plus adeptes que certains, c’est pour plusieurs raisons. La première étant la censure. Par exemple, durant et après la Seconde Guerre mondiale, Allemands et Italiens n’hésitaient pas à censurer, à travers le doublage, les films faisant référence aux régimes nazi et fasciste. En ce qui concerne la France, c’était davantage pour des histoires de promotion et d’émancipation culturelle, et de volonté de concurrencer le pays de l’Oncle Sam.
Et même si notre territoire s’avère être un excellent élève en la matière, il est des doublages français qui ne sont pas de francs succès. Dans les années 1980, l’adaptation du manga Ken le Survivant fait l’objet d’un doublage pour le moins original, aujourd’hui devenue culte plus par son humour et son ironie que par sa qualité.
À quel avenir s'attendre ?
Nous l’avons exprimé, notre cher milieu du doublage a connu de nombreuses évolutions et cela ne semble pas près de s’arrêter, bien au contraire. L’apparition perpétuelle de nouveaux outils, programmes et autres intelligences artificielles menacerait-elle le métier ? C’est une question d’actualité pour laquelle chacun aura son propre avis.